Dissection

Un cadavre domine la société, le cadavre du travail.

Toutes les puissances du monde se sont liguées pour defendre cette domination : le pape et la banque mondiale, Tony Blair et Jœrg Haider, les syndicats et les patron(ne)s, les écologistes d’Allemagne et les socialistes de France. Tou(te)s n’ont qu’un mot a la bouche : travail, travail, travail ! Qui n’a pas désappris à penser comprend sans mal le caractère insensé de cette attitude. Car ce n’est pas une crise passagère que connait la société dominée par le travail : la société se heurte à sa limite absolue. Par suite de la revolution micro-informatique, la production de richesse s’est toujours davantage décrochée de la force de travail humaine – à une echelle que seule la science-fiction aurait pu concevoir voilà quelques decennies. […] Au XXe siècle, la vente de la marchandise-force de travail est assurée d’avoir autant de succès qu’en a eu la vente de diligences au XIXe siècle. Mais, dans cette société, celui ou celle qui ne peut pas vendre sa force de travail est « superflu(e) » et se trouve jeté(e) à la décharge sociale. Qui ne travaille pas, ne mange pas! Ce principe cynique est toujours valable – et aujourd’hui plus que jamais, justement parce qu’il devient désespérement obsolète. C’est absurde : alors que le travail est devenu superflu, la société n’aura jamais autant été une société de travail. C’est au moment même ou le travail meurt qu’il se révèle une puissance totalitaire n’admettant aucun autre dieu a ses côtés, determinant la pensée et l’action des humain(e)s jusque dans les pores de leur vie quotidienne et dans leur esprit. On ne recule devant aucune dépense pour maintenir artificiellement en vie l’idole travail.

Manifeste contre le travail

GROUPE KRISIS

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